Oser apprendre est le slogan dont nous pourrions rêver pour l’école aujourd’hui. Oser apprendre signifie changer notre façon d’appréhender son positionnement à l’égard de l’apprentissage et du savoir. Traditionnellement et régulièrement les maîtres s’imposent et expliquent comment va le monde. Les élèves suivent tant bien que mal. D’aucuns montrent les signes, l’étymologie nous apprend qu’ils enseignent, les autres attrapent le monde ; aprehendo disent les latins. Mais, lorsque les usages, les conventions s’installent, les pesanteurs s’incrustent. Tout ce qu’il y a de vif, de plaisant, de mouvement finit par s’enkyster dans un esprit de programme, d’objectif et de planification. Si l’on n’y prend garde, les rôles, les statuts et les distinctions académiques s’imposent. La forme et les apparences de la science stérilisent toute possibilité d’idée nouvelle. La hiérarchie des savoirs reconnus, car reconnaissables, écrasent les savoirs informels et pratiques qui ne savent se dire. Les disciplines se légitimant deviennent performatives disant ce qui doit être plutôt que ce qui est. Oser apprendre procède d’une autre essence. Il s’agit moins de rattraper à marche forcée le savoir des maîtres, constitué le plus souvent dans des livres mais de faire son propre chemin dans un monde qui ne cesse de se transformer. Si les maîtres disposent de la solidité de l’écorce, les élèves participent d’une sève qui demande à s’exprimer, à bourgeonner. A eux de trouver leur chemin, de sortir des sentiers battus, et d’oser apprendre. Les émergences, les incidents, l’expérience humaine elle-même apprend. Oser puiser dans ses observations propres, dans les inflexions de la vie, rester en contact avec le vivant et lui donner du sens, c’est cela oser apprendre.
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