La figure des managers s'impose peu à peu et vient supplanter celle des cadres. Si la responsabilité constitue le socle qui relie les deux mondes, le manager inscrit son action dans une fonction sociale de plus en plus exigeante pendant que le cadre voit son statut s'étioler. Le monde des managers aspire l'attention et finit par s'imposer comme un stéréotype, pendant que le monde des cadres se démonétise et ne fait plus tant rêver. On voit des professionnels refuser des promotions et choisir l'expertise !
Les fonctions de managers deviennent complexes. Ces derniers ont à traiter de nombreuses situations changeantes, imbriquées, indécidables, ambigues. Les managers apparaissent aujourd'hui engloutis sous une masse de responsabilités. Il semble désormais qu'ils soient sommés de prendre les devants de chaque humeur ou enjeu social. La qualité un temps, la formation et l'employabilité des collaborateurs un autre, la lutte contre la discrimination ou contre l'illettrisme, le développement durable et aujourd'hui les risques psycho-sociaux. La liste s'allonge. La fonction sociale ne cesse de prendre du volume au sein de leur activité.
Pauvres managers ! Parfois les sondages, les études montrent toutes les difficultés qu'ils ont à exercer leur métier d'encadrement. A lire cerrains sociologues, ils se plaignent ou démissionnent en silence.
Face à une telle situation se développent des pratiques sociales qui sont autant de pharmacies et de pansements. Le coaching et toutes formes de pratiques en groupe, ou chacun trouve le temps de se dire et de faire le récit de sa vérité sont tendance. La pleine conscience les aide à gérer leur stress, le yoga, les thérapies douces, les bienfaits du sports au sein même de leur entreprise. Et pourquoi ne pas devenir adepte du "slow management" et ralentir une bonne fois?
Cette transformation de leur rôle semble conduire à des pathologies de l'encadrement au titre desquelles on peut compter :
- Le nihilisme : le travail perd tout sens. Les managers ne savent plus vraiment après quoi ils courrent. Dés lors ils foncent droit devant eux sans destination claire. Ils emménent avec eux leurs équipes.
- Le clientèlisme : trop de demandes tue les demandes. Le réflexe est alors pour eux de servir les intérêts de leurs clientèles proches, d'éviter de déplaire pour durer. En apparence ils sont là mais ils fuient les responsabilités et les conflits. La paix sociale a tout prix.
- L'arrivisme : il s'agit d'un détournement de la mission à son seul profit. L'utilisation de responsabilités pour servir sa carrière conduit à l'adage "toute heure passer à travailler est une heure perdue pour la carrière". Le rendement décroit le nombre de managers ne cesse de grossir.
- Le compétitivisme : c'est une forme de recroquevillement sur soi qui pousse aux résultats individuels plutôt qu'aux réalisations collectives.
Le risque psychosocial qu'encourrent les managers est ce mal de l'encadrement, cette difficulté à se tenir face à leurs responsabilités : d'être responsable de soi et des autres. Face à ce mal qui les ronge il convient de faire preuve de discernement et de retrouver la pratique de mots simples : le sens, le courage, la mission et l'équipe.
Il n'y a pas d'autres solutions que de puiser dans ces mots forts qui sont autant de ressources psychosociales pour exercer une responsabilité parmi les plus nobles qui soit : celle de conduire l'action.