Ce qui devient intéressant aujourd’hui en matière d’apprenance change de nature. Peut-être certains plus prudents ou avertis d’autres pratiques passées ou lointaines diront que cette nature que je présente nouvelle est un retour de cycle ou une méconnaissance. C’est entendu mais convenons que nous vivons un temps de transformation dans les façons d’apprendre.
Dans le chaos actuel, ce qui devient intéressant ce sont les questions à poser sur le futur qui vient, toutes les questions. Nous pourrions bâtir des enseignements sous la forme de questionnement plutôt que sous forme de taxonomie ou de présentations de contenus. Mieux, nous pourrions construire sur l’instant les questions qui valent avec ceux qui se les posent. Aujourd’hui ce qui est intéressant c’est de connaître le qui : qui est manager ? Vendeur ? Formateur ? Porteur de valeurs ? Mais aussi qu’est-ce qu’un manager ? Un vendeur ? Un porteur de valeur ? Celui qui est là a autant d’importance qu’un contenu à mémoriser. Il est lui-même en soi un contenu, un organisme sophistiqué et vivant pour décrypter le monde.
J’apprends de ce qui me concerne. Il me faut devenir une partie de l’histoire et pas seulement l’entendre. Pour nous engager dans un apprentissage, nous avons besoin de faire partie du tout et pas seulement de recevoir le contenu du savant ou la vision du grand homme. Les fans de Harry Potter connaissent tout de leur idole, ils savent écrire les épisodes à venir car ils sont parties prenantes. Nous pouvons devenir fan d’un thème à la condition de pouvoir y mettre notre patte. Nous avons moins besoin d’admirer le professeur que de faire l’expérience par nous même avec son aide.
Wikipédia est une illustration de l’apprentissage ouvert en réseau qui mobilise les volontaires. Une volonté de libérer les savoirs, de se corriger sans cesse, de dialoguer s’impose. Cet emblème est devenu incontournable. C’est un symbole d’intelligence collective mille fois cité. Et chaque fois nous disons et pourtant ça marche. Nous avons besoin d’accéder aux savoirs. Mais si l’on accède désormais aux savoirs il est aussi possible de bénéficier des moyens pour réaliser des idées. Le micro-crédit est un moyen de libérer les projets et l’imagination. L’apprentissage est déclenché par de nouvelles perspectives. Oui il est possible de faire, d’apprendre et de s’engager.
Les passions amateurs déclenchent l’envie d’en savoir toujours plus. Elles peuvent s’exprimer sur internet à travers des blogs, des messages laissés sur des sites spécialisés sur facebook ou my space. Elles sont individuelles et collectives. La parité d’estime se joue sur la qualité des contributions plutôt que par la production de ses diplômes ou de ses lettres de créance. L’amateur confronte le professionnel.
On sait plus qu’on ne sait dire. Que fait-on de cela ? Comment utiliser cette dimension tacite ? Si apprendre c’est explorer et se transformer au fur et à mesure de cette exploration, alors apprendre de façon organisée c’est mener une enquête et du coup enseigner c’est poser des énigmes, investiguer le tacite. On apprend de ce qu’on vit. La question éducative n’est plus qu’elle est l’information ? Mais ou est l’information ? Quelle orientation prendre ? Comment la capter ? Les dimensions de l’apprenance à l’ère digitale s’intéressent aujourd’hui au processus de la connaissance, à celui du faire mais aussi du jouer, car jouer est un espace intermédiaire qui offre plus de relâchement.