Laurence Vanhée travaille au ministère de la sécurité sociale belge. Elle essaye de réaliser une utopie celle de développer du bonheur au travail et de le rendre durable et rentable. Les recettes qu’elle nous propose, puisent à tout ce qui peut faire l’avant-garde des idées en ressources humaines. Elle évoque ainsi l’idée d’un changement de posture pour les RH partenaire stratégique, promoteur de changement, défenseur de l’employé et expert administratif mais surtout développeur de bonheur. Elle imagine aussi le rôle du marketing RH et produit des slogans généreux comme « nos collaborateurs sont nos amis, il faut les aimer aussi » ou bien « Don’t manage. Love ! ». Son idée est d’investir dans le patrimoine humain (bien) qu’elle distingue du capital humain (pas bien). Les liens entre responsabilité et liberté, bonheur et performance semblent couler de source. Le chapitre sur l’environnement de travail et la motivation s’appuie sur les idées de Maslow et Herzberg puis s’efforce de poser la notion de patrimoine humain précédemment évoqué. L’idée de l’entreprise comme espace de passion partagée est également imaginé, de même que celle du leader « inspiré et inspirant ». Par ailleurs l’environnement numérique n’est pas oublié et les impacts des plates-formes sont aussi relevés. La vision comptable des RH est vilipendée au profit d’une nouvelle fonction qui serait celle de « chief happiness officer, responsable en chef du bonheur. L’auteur explique enfin comment les HR vont mourir remplacées par le « people management »
Voici un ouvrage que l’on aimera ou que l’on détestera. Pour ma part je l’ai détesté car, il est truffé d’idées reçues (par exemple sur la « génération Y »), de néologismes anglo-saxons superfétatoires (kissssification, happyculteurs…), de vieilles idées datées (Maslow, Herzberg…) et de propositions peu étayées (lien entre bonheur et performance…). Il donne à voir une approche bling-bling des ressources humaines. Par exemple le couplet sur le numérique émancipateur devrait être plus dosé en particulier pour ceux qui n’ont pas accès à internet (ni chez eux ni au travail, et il en existe encore beaucoup).
Si un ensemble d’idées et de bonnes intentions change utilement de la routine administrative des ressources humaines, une construction plus rigoureuse et moins tape à l’œil de l’argumentation aurait permis de les faire mieux passer.