La frénésie des MOOCS s'empare des ondes, des journaux et de la blogosphère. Enfin quelque chose de neuf à se mettre sous la dent susurrent les journalistes. Le jour de gloire est arrivé espèrent les pionniers des plates-formes, de la formation en ligne et les esthètes de moodle. Y a t-il du business en perspective pour les entrepreneurs?
Les MOOCS apparaissent comme un objet à creuser à polir et à partager par des chercheurs et universitaires passionnés. Des cours gratuits pépient les apprenants. Des ennuis pour nos affaires redoutent les organismes de formation ou les professeurs qui ne se remettent plus en question et qui enfilent les heures de présence.
Tout ce beau monde bruisse autour des MOOCS et en attend un événement miraculeux. Moi aussi, je trépigne avec la foule. Tout d'abord, je dis merci aux initiateurs et bravo aux premiers qui les ont suivi. Ensuite, j'imagine à voix haute comment les MOOCS peuvent influer sur l'écosystème de la formation professionnelle continue et lui redonner, en tout cas je l'espère, un coup de jeune.
Je reviendrai peu sur la distinction entre xMOOCS qui visent surtout à distribuer de façon massive des informations et cMOOCS qui s'efforcent de travailler à l'utopie du partage et de l'enseignement mutuel. Sur ces questions je renvoie aux spécialistes. Mon intérêt et mes interrogations se portent sur ce qui va se passer quand ce système d'apprenance va grandir et se mêler aux systèmes actuels. Le seul MOOC sur la gestion de projet promu par Rémi Bachelet a réuni plus de 2000 personnes. L'équivalent de 100 stages en présentiel réunissant 20 personnes ! Ces stagiaires ont-ils déserté les cours de la CEGOS ou les amphis du CNAM? Qu'ont-ils appris? Comment l'ont-ils fait? Quelles erreurs ont-ils commises pour apprendre? Que vont ils faire après avoir sauter ce premier pas? ¨Par quel miracle alors que j'ai croisé une multitude de gens qui n'appréciaient pas la formation à distance quand elle leur était imposée par leurs entreprises, tout d'un coup le fait de choisir soi-même son projet soit libérateur? Apprendrait-on mieux quand on choisit de le faire? Sûrement.
Quelle que soit la puissance de la technique, je garde une croyance dans le caractère irremplaçable du contact humain et du groupe. Ma croyance résistera t-elle?
Les environnements personnels d'apprentissage qui se composent aujourd'hui intègrent des rencontres en groupe. C'est l'idée de "refuge" proposé par la nouvelle version du MOOC ITYPA2. De quoi faut-il se protéger? Les rencontres physiques deviennent par un curieux retournement de situation la part informelle de l'apprentissage. Les MOOCS génèrent des envies de se rencontrer qui n'étaient pas forcément prévues au départ. Eh Oh toi, qui que tu sois derrière ton écran, si on se retrouvait en chair et en os, pour boire un verre ensemble?
L'objet MOOC résistera t-il à toutes les tentatives d'instrumentalisation des usagers et parties prenantes? Y aura t-il des conflits? Que se passera t-il quand un gros opérateur téléphonique ou groupe de communication viendra avec de gros moyens mettre la main sur l'idée et créer une "économie du partage"? Dénaturera t-il l'intention et le don initial? A lire les récits héroïques des pionniers ne risquent t-ils pas de s'épuiser? Qui offrira un contre-don? Et si le modèle se développe (il le fait), comment triera t-on les bons des mauvais MOOCS? Comment éviter que la dimension événementielle du MOOC n'hameçonne plus personne quand une offre de MOOC dense existera et que chacun s'efforcera de faire le maximum de bruit pour recruter ses masses?
Dans tous les cas voilà longtemps qu'un objet pour ou avec lequel apprendre n'avait pas donné un peu de rêve et d'utopie. Rien que pour cela les MOOCS méritaient leur fanfare. Ils méritent maintenant d'inventer leurs promesses et de les réaliser .....ou pas ; mais même dans ce cas, ce n'est pas grâve car ils auront aidé à penser d'autre façon de partager et d'apprendre. Ils auront participé à l'irréversibilité du fait de l'apprentissage en réseau numérique.