Le changement c'est maintenant, mais pas pour tout le monde pareil

Le sociologue Michel Crozier a affirmé qu'on ne changeait pas la société par décret. La transformation des comportements ne se décrète pas. Elle s'annonce peu. Elle se produit... ou pas.

L'une des choses qu'un dirigeant puisse faire c'est d'obliger, mais cela n'a qu'un temps, après l'obligation l'individu s'adapte et trouve des marges de manoeuvre. Une autre alternative pour influencer des hommes et des manières de faire c'est d'accorder :

- accorder son attention à ce qui fait sens pour lui

- accorder des moyens pour faire ceci plutôt que cela

- accorder des signaux de reconnaissances, accorder des honneurs

- accorder du temps pour penser, pour réagir

- accorder les passions d'un ensemble humain

Que les comportements que d'aucuns aimeraient faire évoluer soient d'être plus innovants, plus pédagogiques tendent vers tels styles de management, de leadership, ou adopte telle morale, il n'y a aucun dictat qui oblige les ventres à gargouiller, ou les sourires à se détendre. Car la transformation touche les tripes et l'âme. Je ne les ai pas vu mais je suis aussi sûr que j'ai des tripes et une âme, une façon bien à moi d'occuper un espace et d'entrer en relation avec les autres, de changer de m'adapter.

Dès lors, on se gargarise beaucoup de conduire le changement, de donner une vision, du sens, d'emmener les autres qui ne savent ou aller. Cette vision est pour le moins simplificatrice, car les autres sont plus que des objets sur lesquels agir.

Quelques exemples :

- internet rend accessible à plus de 80% des Français une masse d'informations sur tous les sujets. Chacun se fait son idée.

- les temps morts deviennent des temps de transition qu'une masse de gens de plus en plus nombreuse peu choisir de combler par un jeu sur un téléphone, la lecture d'un e-book ou le traitement de son courriel

- le choix de produits est démultiplié avec les économies numériques de masse. les produits de niche se développent.

- l'offre culturelle, télévisuelle s'élargit, chacun décide à quoi il veut s'exposer, les médias d'état n'ont plus le monopole. La singularité de penser grossit.

- le niveau d'instruction qui a singulièrement augmenté donne plus d'outils intellectuels pour se situer et agir

- les associations de proximité donnent à chacun la liberté de s'engager dans une cause qui lui tient à coeur

- même si la richesse est mal répartie, les ressources disponibles permettent à un nombre croissant de s'engager dans des projets

Dans tous les compartiments de la vie, il serait possible de choisir, sauf dans les environnements professionnels? Cela devient de plus en plus difficilement tenable pour celui qui choisit partout mais au travail devrait continuer d'obéir.

Alors que faire lorsque l'on peut si difficilement exercer une influence et que pourtant il faut s'adapter ensemble pour évoluer, s'adapter, changer?

Pourquoi ne pas suivre la logique de Pascal et de son pari sur l'existence de Dieu? Si Dieu existe, il vaut mieux croire à son existence, s'il n'existe pas on n'a pas grand chose à perdre. Misons sur le même raisonnement avec la motivation humaine et sa capacité à s'adapter au monde qui vient. Croyons en elle, misons que chacun en a une étincelle et que chacun changera non par contrainte et décret mais parce qu'il le désire, parce qu'il sent, qu'il sait, qu'il voit que tout change autour de lui.