La formation pour adultes poursuit l’idée qu’il s’agit de repérer des besoins à satisfaire au sein d’organisations puis de créer des réponses et des programmes en réponse. Ces réponses pour être acceptées intègrent une hiérarchie de besoins liés aux individus eux-mêmes[1]. Implicitement l’organisation pédagogique actuelle dans la formation des adultes obéit à des canons immuables. Ces canons sont une forme de dette au courant des relations humaines, dans lesquels il est possible d’inscrire des hommes tels que Lewin, Herzberg ou Maslow. La dynamique des groupes restreints utilisée pour transformer les croyances et apprendre a été une révolution. Le petit groupe réunit autour d’un professeur qui réalise avec lui exposé et travail d’application reste efficace. Mais le temps passant, il semble que se soit imposée une relation du maître à l’élève, une référence à des besoins codifiés au sein de cahier des charges, une vision programmatique, séquencée et finalisée. Les formes des échanges de la discussion en groupe pour faire évoluer les croyances et les pratiques courent le risque d’aller vers des réflexions convenues. Des formes, en somme qui à force d’être ressassées sont devenues banales et peu motivantes. La « pédagogie du flow » qui va maintenant être décrite passe par d’autres chemins.
Une vision du flow
Le terme de flow est emprunté au psychologue Mihaly Csikszentmihalyi[2].qui établit un lien entre expérience optimale et motivation. Le flow est ce qui porte car selon Mihaly celui qui s’absorbe dans une tâche pleinement et performe dans sa réalisation vit une expérience motivante en soi, épanouissante. Il ne voit pas le temps passer. La pédagogie du flow table sur un engagement complet du participant dans son apprentissage et une amélioration de l’incorporation des savoirs. Les ingrédients d’une telle pédagogie sont :
- Un basculement du pivot maître/élève vers une approche équipe intervenante/équipe apprenante, qui crée une multiplicité d’interactions entre groupes et intra-groupes et sort la relation pédagogique de la seule relation de face à face.
- Une segmentation et un raccourcissement des séquences pédagogiques (12 à 15’ maximum par activité), pour mieux répondre aux problématiques bien connues des courbes d’attention
- Une approche émotionnelle intégrée. L’expression d’émotion n’est plus considérée comme une incidence aléatoire du processus éducatif, mais comme un objectif à atteindre à part entière. En cela l’exposition à une variété de situations, d’intervenants, d’événements permet de créer un climat propice à l’expression émotionnelle
- Une animation multi-sensorielle qui mobilise tous les sens et l’intégralité du corps. Il s’agit par exemple de proposer des travaux en « table apprenante » équipées de matériel pédagogique incitant à la création (patte à modeler, ciseaux, feuilles colorées, bonbons) ou équipée de connexion internet.
- Une connexion au monde ou la tablette électronique remplace l’ardoise de nos grands parents, le réseau en plus. La musique, l’ambiance sonore qui se fond dans la formation détend aussi l’atmosphère et contribue à desserrer d’éventuelles résistances.
- Un mouvement corporel toutes les 30/40 minutes remplace l’habitude de faire une pause toutes les heures trente ou toutes les deux heures.
Si la pédagogie du flow répond aujourd’hui à des styles d’apprentissages, c’est parce que l’apprenant est devenu zappeur, esthétique, émotionnel. Il est de plus en plus fréquemment exposé à une masse d’informations et il est potentiellement en capacité d’établir un rapport autonome au savoir. Dès lors, en formation, il est en attente de relations uniques qui le touchent et qui répondent à son souhait de vivre une expérience et plus seulement de suivre un cours.