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APPRENDRE AUTREMENT

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APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


L’économie du savoir. Construction, enjeux et perspectives. Jean Pierre Bouchez. De Boeck. 2012

Publié par CRISTOL DENIS sur 16 Mars 2014, 22:16pm

Catégories : #Fiches de lecture, #Apprenance

Jean Pierre Bouchez est une sorte de consultant-enseignant-chercheur touche à tout du savoir inclassable selon les normes académiques ou celles de la recherche. Il continue son exploration du monde du savoir après ses ouvrages sur le management des travailleurs du savoir ou sur la profession de consultants. L’ouvrage de 385 pages qu’il nous propose ambitionne, rien de moins qu’une rétrospective de l’histoire du savoir de ses enjeux et de ses perspectives. L’angle choisi est économique avec l’idée d’une « économie du savoir ».

La première partie traite de la dynamique du savoir et de l’innovation. Elle commence par clarifier ce que recouvre le concept de savoir. L’auteur s’inscrit notamment dans l’idée de continuum reliant successivement, données, informations, connaissances, compétences dont l’ensemble constitue « le  savoir ». Il précise ensuite l’idée de différentes formes de savoir qu’elles soient tacites et explicites, manuelles ou  intellectuelles, qu’elles soient arts mécaniques ou arts libéraux, savoirs experts et savoirs profanes. Les dynamiques et les dispositifs de création, diffusion et usage du savoir sont rappelés. L’auteur évoque ensuite les illustrations de ces dynamiques et leur mise à l’épreuve. Il brosse le passage des effets d’un temps sans écriture, à l’avènement de l’écriture, de l’alphabet, du codex, puis de l’imprimerie mécanique. Il montre toute la dynamique qui s’est produite au tour de la formalisation des savoir artisanaux. Il dépeint l’émergence du  capitalisme, l’industrialisation, les cycles d’innovation, puis l’effort de rationalisation pour en arriver au développement plus récent  d’internet et de projet singulier tel que wikipédia.

La deuxième partie évoque les régimes de croissances autour de l’économie de la connaissance et de l’innovation. L’auteur observe  les interactions de 4 pôles. Tout d’abord le  pôle du savoir et des cerveaux. Il pose la thèse du capitalisme cognitif, de la différence entre économie de la connaissance et économie fondée sur la connaissance jusqu’à la croissance des services professionnels intellectuels. Le rôle du pôle des financesapparait essentiel avec la  formalisation du capitalisme managérial et l’apogée des grandes organisations, jusqu’à la métamorphose des organisations actuelles. Le pôle des nouvelles technologies de l’intellect montre aussi des signes d’évolution en passant par l’ automatisation, l’ordinateur personnel, l’internet, le web 2.0 et les technologies collaboratives. Enfin, le  pôle géographique : les économies d’agglomérations fondées sur le savoir sont également présentées. L’auteur met en évidence les premiers liens entre affaires et savoirs, puis il décrit ce qui est désigné empiriquement comme « l’atmosphère industrielle » (Alfred Marshall), ou plus techniquement comme « externalités d’urbanisation » (Jane Jacobs). Il revient enfin à un thème classique de l’économie avec l’idée d’agglomération intra-sectorielle ou intersectorielle. Après cet exposé minutieux, il montre la formalisation de la dynamique du savoir et de l’innovation à travers l’interaction de ces différents pôles : du portage des informations au partage des connaissances, puis l’articulation entre savoir comme « objet de marchandisation » (articulation entre actif cognitif et actif financier).

La troisième partie développe l’idée d’ordre de grandeur du savoir et de l’innovation. Elle traite des travailleurs et des organisations du savoir. Il distingue 3 ordres de grandeur. Un ordre de grandeur homogène rassemblant les bureaucraties du savoir et les travailleurs du savoir, un  ordre de grandeur hétérogène articulant: les adhocraties cognitives et créatives et les professionnels du savoir et enfin un  ordre de grandeur hybride composé des dynamiques intrapreneuriale et entrepreneuriale dans une économie de la modularité. En conclusion, Jean Pierre Bouchez nous met en garde contre les effets d’un  savoir en voie d’appropriation et de privatisation et les enjeux de la captation et la codification des connaissances. Cet ouvrage est à lire d’urgence car non seulement on se sent plus intelligent après l’avoir lu par la masse d’informations et de savoirs qu’il nous est donné d’aborder mais en plus il apporte un regard à la fois large et profond sur des problématiques aujourd’hui essentielles.

 

 

 

 

 

 

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