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APPRENDRE AUTREMENT

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APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


Le management power point

Publié par CRISTOL DENIS sur 27 Novembre 2010, 07:37am

Catégories : #Tribunes

 

Power point est l’outil de communication qu’il nous fallait ! Enfin l’intervenant ne se perd plus dans un propos décousu et ne s’étend pas pendant des minutes interminables dans une présentation personnelle qui n’intéresse que lui. La forme attrayante des diapositives, les couleurs et les effets ont remplacé avec bonheur la mécanique et l’austérité des transparents. Plus encore le power point est l’outil d’ouverture sur le monde. Et tout cela grâce aux liens possibles sur internet avec des adjonctions de son ou de vidéo. Grâce à sa présentation sobre par tirets, les idées s’enchaînent sans fioritures le discours pointe sur l’essentiel. Bien sur les orateurs pressés ont aussi des plans types ou peuvent à loisir réemployer d’anciennes présentations pour gagner un temps précieux. L’interaction même avec une salle est canalisée par un faisceau lumineux. Un power point efficace provoque un silence respectueux et facilite dans le même temps la présentation des idées et la régulation d’un groupe. Désormais des idées complexes contenues dans une clé USB sont mobilisables à loisir. Il suffit de se brancher et de lancer sa présentation. Des graphiques propres, des idées bien présentées emportent l’adhésion. Une photocopie de l’ensemble remis à chaque  participant et voilà l’auditoire convaincu. A contrario, Power point provoque la ruine des idées et du dialogue. Il convient de supprimer ce mode de communication qui n’en est pas un pour les motifs que nous allons exposer. Tout d’abord la présentation par tirets simplifie à outrance un propos, les idées sont juxtaposées plutôt que liées les unes aux autres. La fameuse règle des 30 mots par diapo, limite à quelques verbes d’actions ou quelques chiffres ce qui est présenté. La réalité est réduite à l’état de puce et laisse croire en une maîtrise facile des situations les plus complexes. La forme prend outrageusement  l’ascendant sur le fond. Les idées réduites à leur plus simple expression sont de peu de poids face aux images qui les évoquent grossièrement. Si power point autorise des prouesses techniques et des schémas très compliqués, ceux-ci ne sont pas toujours d’une lisibilité exemplaire. Le New York Times affichait récemment un «plat de spaghetti » intereliant plus de 100 objets, l’ensemble étant censé représenter la situation politique en Afghanistan. Parce que power point et ses techniques occupe une place centrale dans les présentations, il est difficile pour une assemblée plongée dans la pénombre d’échapper à l’effet lanterne-magique qui à la fois charme et endort. Les effets du power point sont si néfaste que certains ont associé son nom à des erreurs tragiques dans des prises de décision, lors de l’accident de la fusée challenger ou de mauvaise options militaires en Afghanistan. Le désastre de la pensée est tel qu’une entreprise cultivant l’innovation comme 3M cherche aujourd’hui à en limiter l’usage pour réactiver une créativité assoupie.

Que conclure ? Derrière un outil paraissant anodin, c’est toute une chaîne de décision et une façon de penser l’entreprise qui est touchée. L’outil dans sa neutralité révèle la performativité managériale. Cette expression signifie que l’apparente neutralité technique d’un outil produit des effets bien au-delà des diapositives visibles. Les effets incidents engagent des comportements, des manières d’être et d’agir, en somme un style de management dans l’entreprise. Mais si un simple outil comme power point induit tant d’effets imprévus, qu’en serait-il de processus plus complexe comme un système de relation client ou un système qualité ?

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