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APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


Together. The rituals, pleasures and politics of cooperation. Richard Sennet. Allen Lane. 2012

Publié par CRISTOL DENIS sur 30 Décembre 2012, 08:25am

Catégories : #Fiches de lecture

 

 

 

111201180_25864c3df3.jpgRichard Sennet nous avait déjà donné beaucoup de choses à comprendre sur le lien entre le cerveau et la main dans son ouvrage sur le travail de l’artisan. Il avait montré comment des apprentissages étaient subtilement facilités par l’environnement dans lequel l’artisan évolue avec des ouvriers, des outils et des matériaux. Cette fois, le sociologue cherche à comprendre comment la coopération se forme, s’affaiblit ou se renforce. Chaque moment est l’objet d’une partie. Cette chronique de lecture va détailler la première partie.

Dans la première partie, l’auteur étaye son propos sur trois analyses pour montrer l’émergence du phénomène coopératif. La première analyse est l’étude de « la question sociale ». Il s’appuie sur l’exposition universelle de Paris de 1900 et plus particulièrement sur le « Musée Social » exposant les voies du capitalisme dans différents pays. Sennet montre que derrière un terme d’apparence neutre comme « solidarité » plusieurs réalités se distinguent. La solidarité vécue au quotidien par une multitude de petits actes est fort éloignée de la solidarité obligée nécessitant une discipline. La façon dont opère l’unité ou l’inclusion est très différente entre les dirigeants de partis ou de syndicats majoritaires ou en colation. Il montre encore que la tolérance est l’acceptation d’un autre différent de soi, et que la coopération peut être formelle ou informelle. Pour évoquer la solidarité organisée, l’auteur utilise l’exemple américain des instituts de Whashington, de la fabrique d’Owen et des phalanstères de Fourier. Chaque exemple révèle un aspect pratique de mise en œuvre de la solidarité. La deuxième analyse montre l’équilibre entre nature et culture, compétition et coopération. L’auteur propose des exemples issus du monde animal. Dans ce monde compétition et coopération sont également présents. Sans coopération, les animaux sociaux ne pourraient survivre. Par ailleurs, selon le concept de niche écologique du botaniste Carolus Linnaeus, chaque espèce ne franchit pas les limites de son propre territoire. Pour ce qui concerne les hommes, Sennet expose sa théorie des 5 types d’échanges :

 

  1.  L’altruisme ou le sacrifice de soi : il s’agit d’un don matériel, de temps voire de son propre sang, d’un travail de qualité sans retour espéré. Ce dialogue serait le fait d’un dialogue interne.
  2.  L’échange gagnant-gagnant ou un équilibre s’établit : il s’agit d’une vision comptable, c’est par exemple l’équilibre du marché décrit par Adam Smith, c’est la main invisible, le principe de la négociation, une forme d’équilibre entre coopération et compétition
  3.  L’échange déséquilibré où chacun connait les gains de l’autre : il s’agit d’un échange différencié, d’un partage des territoires, d’un échange avec un étranger dont on ne connait précisément ce qu’il gagne ou ce qu’il perd
  4.  L’échange ou le gain de l’un est la perte de l’autre : il s’agit d’un jeu à somme nulle qui augmente la compétition, ou laisse planer l’illusion que les règles laisseront une chance
  5.  L’échange ou le gagnant emporte tout le bénéfice de l’autre : il s’agit de la logique des prédateurs qui s’arrogent tout sans contrepartie, comme dans un monopole, une guerre totale ou un génocide.

 

Pour les situations d’échange entre les hommes, les rituels permettraient de structurer les échanges et d’équilibrer coopération et compétition. Par exemple le rituel déjà en vogue chez les Grecs de l’antiquité de se serrer la main est une façon de montrer qu’aucun ne tient une arme. Les « hand-shake » d’adolescents actuels sont une forme renouvelée de ce rituel. Pour l’auteur nul ne saurait créer un rituel social pour son seul usage. Pour que le rituel opère trois conditions sont requises. Le rituel doit être intense et il le sera d’autant plus qu’il aura été répété de nombreuses fois. La répétition crée le cadre d’une expérience qui devient un archétype commun. Ensuite, le rituel transforme un objet, un mouvement, un moment en symbole. Enfin, le rituel est expressif. Pour l’auteur il y a énaction plus que présentation du rituel. Le rituel doit avoir une expression dramatique. La troisième analyse présente comment le mouvement de la réforme produit une grande transformation dans les façons de coopérer. Ce que produit la réforme c’est avant tout une transformation des rituels qui sont moins théâtralisé. Cette transformation contribuerait à passer de l’esprit chevaleresque à la civilité.

La deuxième partie de l’ouvrage montre comment la coopération peut s’affaiblir. 

La troisième et dernière partie pointe la manière dont la coopération peut se renforcer

La qualité d’écriture de l’auteur est vraiment plaisante. Pour nous toucher il part d’exemples simples comme la manière dont les musiciens d’un groupe s’accordent sur  un tempo, puis il introduit des considérations politiques, culturelles ou religieuses sans jamais lasser son lecteur ou paraître pédant. La lecture se veut elle aussi coopérative et s’efforce d’expliquer sans jamais forcer une démonstration ou aboutir à une conclusion définitive. Il emploie une approche dialogique et non dialectique et montre par l’exemple comment la parole est une compétence pour coopérer.

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