Il est possible d'observer des réactions universitaires assez frileuses face à l'usage d'internet dans l'acquisition de
savoirs. Des types d'approches, comme les MOOC ou la mise en ligne des sont loin d'être parfaites et ne sont pas la panacée mais elles méritent un débat plus poussé.
Certains commentaires d'universitaires posent les questions sous un angle craintif
que vont devenir les professeurs, les cours magistraux, comment vont-ils construire une pédagogie adaptée? Certains nous proposent de regarder l'histoire des innovations, des sciences et des
techniques je l'ai fait (grace à internet), j'y ai trouvé par exemple que le plan informatique pour tous tant décrié, s'il avait connu de nombreux ratés avait autorisé une prise de
conscience générale de l'irréversibilité du phénomène informatique.
La question de l'ouverture des savoirs est posée dans le cadre d'un paradigme éducatif qui s'étiole : "J'enseigne donc tu apprends". Ce cadre n'est plus tenable
quand l'université ne garantit plus à ses lauréats de trouver un emploi. Ne jouant plus complétement sa fonction sociale car étant incapable de prévoir les nouveaux métiers (c'est j'en conviens
très difficile) ou les nouveaux repères attendus, chacun est en droit de douter de ses options, de surveiller de plus prés ce que raconte un enseigant en consultant en ligne et en direct son
smartphone et d'exiger un autre positionnement du professeur.
Il est facile de mettre en avant ce qui se passait en 70 ou 80 sur les essais et tentatives de formation assistée par ordinateur dont chacun jugera l'utilité. Il
est plus difficile de se projeter dans le futur et d'y emmener des équipes entières cramponnées à leurs cours de face à face comme des alpinistes terrifiés collés à leurs parois (la
généralisation est affreusement abusive mais je visualise bien le prof avec son casque collé au rocher empétré dans ses cours ligotés dans ses obligations). Car c'est aujourd'hui près de 80% de
la population en France qui dispose d'un accès à internet qui bidouille tant bien que mal, se perd parfois sur des sites de piètres qualités. Mais elle a bien compris les limites du système
éducatif qui laisse sur le côté des milliers de jeunes. Ce n'est pas d'en haut qu'est décrété un questionnement plus vif des autorités en place, c'est de partout.
Alors même si la mise à disposition de savoir ne ne fera pas par les universitaires, parfois trop concentrés sur la publication de leurs articles de recherche et
pas assez sur leur mission éducative et la pédagogie à développer pour y parvenir, elle passera par d'autres chemins. Le contrôle unilatéral sur quoi apprendre et comment le faire et l'évaluation
de ce qui est bon ou mauvais de savoir s'érodera et tombera comme le mur de Berlin. Ploc!
Ce qu'exacerbe la technique informatique, c'est de mon point de vu l'envie d'apprendre autrement et en particulier d'être le décideur de son orientation, de son
projet d'apprentissage, de son temps d'apprentissage. C'est l'envie de moins subir. Alors si les MOOC, et toutes les façons que l'on nous présente comme nouvelles d'apprendre sont intéressantes à
essayer c'est qu'elles ont un potentiel de questionner les habitudes et les manières d'enseigner et d'apprendre qui semblent aujourd'hui calcifiées.
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http://www.huffingtonpost.fr/jean-luc-vayssiere/cours-universitaires-internet_b_2883898.html