L'occident s'est arc-bouté sur le "cogito ergo sum" de Descartes. Il a fait de ce raisonnement le socle de son développement et d'une pensée dominante. La rationalité et sa méthode, cette division de problèmes en petites unités n'a cessé de promouvoir une exploration de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Elle a délaissé dans une croyance en la pureté de la raison, les scories de ce qui fonde l'homme, ses émotions, sa socialité, sa présence au monde, dans un environnement qui le grandit et le dépasse. De la même façon que le savoir, les honneurs, la réputation, l'argent se cumulent se capitalisent et s'empilent ; Tout a semblé une course où le toujours plus prévalait. Plus de bien matériel, plus de savoir, plus d'égo.
Le mal de l'anthropocentrisme, du cumul sans limite, sans liens autour d'une seule créature, ne débuterait-il pas de cette illusion d'un égo au centre de toute construction philosophique, début et aboutissement de toutes choses? Ne serait-il pas temps d'enrichir ce paradigme d'autres types de biens tels que :
- l'intuition
- l'attention.
Ces éléments seraient à reconsidérer pour libérer nos imaginations et nos capacités à nous lier plutôt qu'à diviser.
Force est de constater que l'imagination qui caractérise un homme toujours curieux, bricoleur en mouvement est à chercher dans ses intuitions. Qui a osé mangé le premier grain de blé? Qui a avalé le premier champignon et qui a osé faire de cette intuition sa nourriture ? Nul homme sans capacité à prendre un risque, sans intuition ne se développe. Les raisonnements maîtrisés, les pensées ordonnées s'arrêtent au moment du passage à l'acte. Le frottement avec le réel, avec ses peurs, ses envies, ses désirs qui se bricolent dans le cerveau humain sont plus sures que le doute méthodique. L'intuition est première chez l'homme elle précède l'attention et le raisonnement.
L'attention est cet effort, cette discipline qui s'oriente vers une finalité. Aujourd'hui l'attention est siphonnée par tous les médias qui la dispersent et murmurent sans discontinuer "achètes moi, achètes moi...". Mais si l'attention est si courtisée, elle est aussi ce qui permet à l'homme de repérer dans une foule un visage familier, une solution dans le labyrinthe d'un problème. L'attention est à la fois ce relâchement et cette posture tournée vers un enjeu spécifique. L'attention est plus que le contrôle de soi ou de tous les paramètres de la situation, c'est au contraire l’élargissement du champ de conscience à ce qui peut survenir. Pas de division en petite partie, mais au contraire une vision globale, relâchée qui autorise à lier plutôt qu'à diviser, à imaginer de nouvelles possibilités.
Gageons que l'homme puisse regarder plus loin que le bout de la croyances en soi et en sa raison, et que la croyance en la vie qui l'entoure le dépasse, qu'il s'aperçoive qu'il n'est que de passage.